Allô....(I)

un des moments difficiles à gérer lors d'un décès est l'appel téléphonique à la famille;
par habitude,c'est toujours moi qui ai passé cet appel.
à force de faire,j'arrive à cerner de façon intuitive l'état d'esprit de la personne qui répond:et alors j'adapte l'annonce de la mauvaise nouvelle.

dans la mesure du possible,j'avertis toujours la famille dès que ça se présente mal,même si ce n'est pas pour tout de suite,les gens ont le droit de savoir,après c'est à eux d'aviser,s'ils viennent ou pas.

mais parfois,ce n'est pas possible,le patient est déjà mort quand je rentre dans la chambre,je n'ai même pas eu le temps de le voir et d'évaluer la situation.
c'est la très mauvaise surprise.
et après,il faut appeler la famille.

alors,parfois,cela se passe relativement bien:la famille s'y attendait plus ou moins,et la surprise n'en est pas une,pas vraiment,et puis le défunt était âgé,ou alors c'était un parent éloigné,ou alors il y a comme un soulagement de voir cesser ses souffrances....bref,sa mort était déjà acceptée dans l'esprit de ses proches.
et quand je dis "allô,vous êtes bien de la famille de mr X. ou mme Y....?"
à la réponse "oui...",je sens déjà s'il y a acceptation ou étonnement,crainte ou angoisse:la tonalité de la voix change déjà;
j'avance ensuite prudemment en disant "c'est l'infirmière de l'hôpital,du service où se trouve mr X. ou mme Y..."
puis je commence à dire "qu'il ne va pas très bien", (une pause),puis qu'"il faudrait venir"..."avec quelqu'un si possible.."
suivant la réaction,je n'en dis pas plus,ou alors,si je sens que la personne le prend "bien",je réajuste en disant "en fait,il vient de décéder..,je suis désolée.."
la plupart du temps,tout se passe bien:quand la famille arrive,elle s'est déjà presque préparée au pire,et quand je les reçois,je leur dis ce qu'il en est.

mais il y a parfois des cas où la famille ne s'y attendait absolument pas,où le décès n'est pas du tout accepté ni acceptable.
alors,là,c'est difficile.
les gens dans ce cas-là ont vite fait de chercher un coupable et une faute,et qui mieux que l'infirmière en place a le profil idéal ?
je n'hésite pas alors à appeler le médecin de garde,même à 4 heures du matin,pour qu'il vienne expliquer les choses,cela permet de canaliser un peu les émotions violentes et cela permet un début d'acceptation.

il y a quand même 2 histoires qui me sont arrivées,où j'ai dû gérer plus que d'habitude la détresse des gens.
les voici donc.