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les saisons du vent
14 décembre 2007

conscience ou pas

chers lecteurs(trices) de mon blog,

c'est l'une d'entre vous qui m'a fait revenir ici,par son message s'inquiétant de mon silence.
ça m'a fait drôle,quelqu'un dans ce monde virtuel,qui pense simplement à me faire un petit signe d'amitié.
merci à Elizabeth.

alors oui,j'ai déserté mes souvenirs,je les ai remis dans un petit coin de ma mémoire.
parce que lorsque je rentre chez moi,je souhaite ne plus penser à mon travail,non pas à cause des patients,mais parce qu'en ce moment,je baigne dans une ambiance assez médiocre avec mes collègues.
évidemment....
alors,je vais ouvrir une nouvelle rubrique,où je mettrais les détails insignifiants qui ternissent l'idée que je me fais de mon travail.
c'est affreusement banal,ce n'est pas nouveau,mais là,je crois que j'arrive à saturation,et le fait de déposer les quelques souvenirs ici,n'arrangent pas la situation.
c'est peut-être moi le problème,je ne sais pas.
ce que je sais,c'est que la médiocrité c'est contagieux,et que là je lutte pour ne pas être contaminée.

l'aide-soignante qui travaille avec moi est méchante.
pas avec moi,mais avec les malades.
ce mot peut paraître puéril,mais la vérité est là,toute simple,elle est tout simplement et banalement méchante.
devant moi,elle essaie de se retenir,mais parfois le naturel revient au galop,et alors je la surprends.
j'essaie de corriger le tir,en la reprenant et en parlant avec les gens,mais ça m'use.
et l'autre fois,c'est une malade qui m'a pris le bras en me disant "ça ne va pas?"
j'ai juste répondu que j'étais mal accompagnée ce soir.
elle m'a dit "..ah ben ça j'ai vu,ma pauvre..."
après je m'en suis voulue d'avoir laissé deviné une situation potentiellement angoissante pour un patient rendu vulnérable par sa maladie.

vous me direz,et les "chefs" alors?
cette aide-soignante a été parachutée dans mon service il y a bientôt deux ans;elle venait d'un service de jour où cela ne se passait pas très bien,les rapports avec sa cadre étant si houleux que sa note annuelle était bloquée depuis plusieurs années;
et quand fut venue l'heure de sa note,en tant qu'aide-soignante de nuit,personne n'est venu me demander ce que je pensais d'elle:ma cadre de nuit avait fait une appréciation dithyrambique sur elle,et elle,elle en frétillait d'aise:enfin une bonne remarque et une note augmentée,du jamais vu pour elle.
c'est là que j'ai compris que ce qui comptait,c'était la présence de l'agent,peu importe sa qualité.

alors depuis,j'essaie d'avoir une bonne influence sur elle...et elle s'est améliorée,faut pas croire...
l'autre jour,j'ai vu un reportage à la télé sur les maisons de retraite,avec du personnel maltraitant...
j'en ai pleuré,parce que j'ai réalisé que j'en avais vu des choses qui s'en approchaient,hier comme aujourd'hui.

et c'est ça qui m'use,cette lutte silencieuse contre la méchanceté basique.
alors en ce moment,c'est vrai que les souvenirs "hospitaliers" font un peu trop de mal à ma conscience.

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Commentaires
M
Pourtant, au delà des souvenirs difficiles, si vous saviez le bien que ça peut faire de lire de telles choses. <br /> Evidemment, c'est triste, c'est bas, ça déçoit et ça assombrit les visages des gens qui voudraient tellement de bien pour leurs patients. Mais quand j'ai travaillé en maison de retraite comme aide-soignante, quand je me suis faite gueuler dessus parce que madame machin n'était pas changé-habillée-préparée en 2 minutes trentes, quand de nuit, j'ai vu de gentils papi baignant dans leur couche souillée, trop petite, mise à 16h le "soir". Et les escarres, et le temps passé à médire plutôt que d'accompagner mamie faire pipi... Et, et, et...<br /> Et je suis soulagée aujourd'hui de voir que ça peut être "pas normal", qu'on a le droit d'en souffrir, et aussi que même si c'est usant, certaines choses s'améliorent :-)<br /> Bon, je vous écris de longs pavés aujourd'hui, toutes mes excuses, et juste "merci", voilà.
L
j'ai tout lu, j'ai vraiment aimé, merci pour tout ça...
E
j'ai vu moi même ce reportage dans les maisons de retraite et j'en ai eu la chair de poule. C'est désolant qu'il y'ait du personnel de ce genre, dans les hopitaux aussi. Je comprends cette difficulté à revenir aux souvenirs quand le présent se fait presque intolérable. Pas simple tout ca, vraiment.<br /> biz, Elodie
les saisons du vent
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