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les saisons du vent
12 juin 2008

patience et Liliane (début)

hier soir,reprise du service.

un petit mot attendait l'aide-soignante,de la part de la cadre.
elle n'avait pas envie de l'ouvrir,se doutant sans savoir de son contenu.
effectivement,une patiente s'est plainte d'elle et de l'infirmière (qui n'était pas moi).
ça devait arriver...c'est cette AS dont j'ai déjà parlé,lunatique et braque avec les malades.
comme ce week-end-là,l'infirmière me remplaçant est un peu du même genre,elle ne l'a pas temporisé dans son comportement,je dirais même qu'il y a eu émulation et que les 2 ont été plus rosses que d'habitude,chaque comportement de l'une validant et approuvant le comportement de l'autre.
oui mais voilà,la patiente n'était pas une petite mémé,seulement 45 ans.
oui mais voilà,elle est décédée brutalement le lundi soir,et elle a eu le temps de se plaindre.
la version de l'AS:la patiente était super pénible,appelant tout le temps,en disant "ça va pas"...elles ont mis ça sur le compte de la psychologie particulière de la patiente atteinte d'une fibrose pulmonaire évoluée.
à ma question de savoir si l'interne avait été appelé,histoire simplement de la rassurer,la réponse est "non".
elle a été rembarrée toute la nuit, "vous allez vous calmer maintenant,ça suffit! ",et maintenant elle est morte.
même si cela n'a pas de rapport,ça craint un peu.

ensuite une entrée,un homme de 160 kg au tour de taille impressionnant mais pouvant toujours se lever et se déplacer.
il a su bien faire entendre sa voix aussi.
en effet,sa chambre à 2 lits était déjà occupée par un autre patient;
celui-ci atteint d'une probable pathologie digestive en plus d'un probable cancer du poumon,exhale une odeur difficile à supporter,je le reconnais:l'odeur s'exfiltre de la chambre dans le couloir,même porte fermée.
mais le lit d'à côté n'est pas bloqué,du coup je place comme prévu le nouveau monsieur qui se met à faire un de ces scandales:
"non,mais c'est quoi cette odeur,ça sent les égoûts !!....ne me dites-pas que vous ne sentez-pas,ça pue,moi je ne reste pas ici,je fous le camp !!...(s'adressant au voisin)...vous trouvez pas que ça pue ici les chiottes bouchés ???"
je suis allée voir l'autre lit qui me restait,le voisin déjà en place sentait le pipi lui,mais le patient venu humer l'odeur de cette chambre (à cette occasion j'ai pu voir combien il était alerte,sans trop de dyspnée pour sa masse)
donc ce patient a dit que "ça sentait bon ici au moins".
je l'ai donc fait changer de chambre,pas la peine que l'autre patient à l'odeur nauséabonde-malgré-lui souffre en plus des récriminations bruyantes d'un voisin hostile.
j'ai eu un peu de peine pourtant,car ce patient à l'odeur n'arrêtait pas de dire "moi je suis propre,je suis propre..."

une patiente m'a revu avec plaisir,elle a discuté longtemps,heureusement que j'étais en fin de tour.
c'est une sage-femme de l'hôpital,tombée gravement malade,des ganglions partout autour du cou et dans le thorax,un syndrome cave,des tromboses des gros vaisseaux...bref un tableau bien sombre,je ne la "sens" pas beaucoup..
elle m'a brossé un tableau de l'équipe de jour pas piqué des hannetons,évidemment elle a l'oeil professionnel,elle décèle beaucoup plus de choses anormales que le simple quidam...
bref,elle a perdu confiance en l'équipe...elle ne veut plus qu'on la touche pour la piquer par exemple.
elle a par contre une relation très forte avec le médecin du service.
il n'y a pas à dire,sans confiance dans le soignant,on n'arrive à rien,
la confiance,c'est la moitié du traitement.
elle m'a fait une parabole entre sa maladie et le conte du Petit Poucet;elle a lu la "psychanalyse des contes de fées" de Bettelheim.
une phrase qu'elle a dit m'a frappée:la maladie c'est comme la route en montées et descentes du Petit Poucet,jusqu'à ce que celui-ci ait l'idée de monter en haut d'un arbre pour visualiser son chemin et voir où aller.
je ne sais pas pourquoi j'ai pensé qu'elle m'évoquait sa mort.

à propos de mort,il y a un autre patient qui en porte tous les stigmates,je ne lui donne pas la fin de cette semaine à vivre.
il sonne beaucoup la nuit,il crie si on ne vient pas assez vite,il multiplie les demandes pour qu'on passe un moment dans sa chambre.
c'est triste,je sais qu'il a peur de la nuit et derrière ça qu'il a peur de mourir.
il finit par lâcher à 3 heures du matin "donnez-moi un fusil pour que je me tue,je vais mourir"
sauf qu'il l'a dit devant l'AS peu réceptive (surtout après le mot qu'elle a lu,elle ne voulait plus bosser) qui lui a répondu
"comme tout le monde"...
et vlan.
curieusement,il s'est calmé après cet échange que l'AS est venu me rapporter.
comme si le fait de verbaliser "je vais mourir" avec comme réaction impassible "comme tout le monde" l'avait apaisé.
vraiment curieux.

n'empêche que j'aimerais bien que la cadre lui secoue les puces à celle-là,la peur du gendarme il n'y a que ça qui marche chez les gens comme elle.

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Commentaires
T
ah vi vraiment cons les collègues -_-<br /> <br /> travailler avec des gens comme ça, je ne pourrais pas longtps... j'en ai déjà fait la triste expérience pdt mon stage de réa...<br /> <br /> continuez à bien vous occuper des gens :-)
les saisons du vent
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